J’écris ces quelques lignes, Ariane dort. Elle tète, ou elle dort. Son petit visage est emprunt d’une paix que j’espère elle ne perdra jamais. De ses quatre jours de vie, les deux premiers (la moitié de son existence) n’ont pas été faciles. Suite à une infection attrapée pendant sa naissance, des complications respiratoires l’ont menée en réanimation néonatale. Alors qu’Ariane était alimentée par zonde, oxygénée par masque et connectée à des capteurs qui mesuraient son coeur et ses poumons, sa mère, seulement quelques chambres plus loin – mais c’était déjà trop loin pour son amour, sa mère souffrait de son absence. Finalement, Ariane s’est vite remise, les indices respiratoires se sont stabilisés. Dans sa chambre, il y avait d’autres bébés, prématurés, qui étaient là depuis deux mois.
L’histoire d’Ariane et de ma nouvelle vie a commencé avec mon voyage à vélo. Les choses ne sont plus comme avant après la traversée de 43 pays. Quand je me suis lancé, je ne m’attendais pas à cela. Je ne savais pas ce qui m’attendait, mais je sentais que j’étais sur un chemin plein de surprises. Ceux qui ne croient pas en la réincarnation disent qu’ils n’ont qu’une seule vie et que c’est une grande aventure – c’est comme ça que je voulais la vivre.
Je suis parti seul. J’ai tout laissé derrière moi. En enchaînement de rencontres et de décisions m’ont conduit à cela : être époux, père et photographe dans la plus belle ville du monde.
Tous (ou du moins, beaucoup) m’ont dit que maintenant que j’avais une fille il fallait que j’oublis la liberté et l’envie de faire ce que j’aime. Mais cinq ans passés sur un vélo m’ont appris que chaque nouvelle situation, même les plus compliquées, est l’occasion de penser les choses de façon créative, différente du manuel que l’on essaye toujours de nous imposer. Pour moi, Ariane est une source d’amour qui me pousse à être une meilleure personne et un meilleur artiste.
Quand on doit attendre à l’hôpital, déambulant nerveusement, fatigué des couloirs, il y a du temps… Beaucoup de temps. Appareil photo en main, avec seulement un objectif fixe de 35 mm, je ne pouvais faire naître autre chose qu’un reportage photo de tout cela.
Andrés/papa

Mercredi 14 mars 2018, 21h Suite à la fissuration, la veille, de sa « poche des eaux », Clémence entre aux urgences obstétricales de l’hôpital Saint Joseph (Paris 14°) où la naissance est prévue.

Jeudi 15 mars
Pique-nique dans la cour de l’hôpital, arrosé de l’indispensable kéfir de fruits maison.

Goûter – La dernière fois que Clem peut utiliser son ventre comme table.
La dernière semaine, il mesurait 104 cm de circonférence

La poche des eaux est fissurée depuis plus de 48h, il faut que le travail se mette en route rapidement et que le bébé naisse. L’équipe médicale craint une infection.

Clémence a reçu des hormones pour accélérer la dilatation du col de l’utérus. Suite à cela, les contractions douloureuses ne tardent pas à arriver.

Père passant des coups de fil « importants » dans un couloir de la maternité. Andrés a emprunté le ballon pour compléter la composition de sa photo.

Clémence sous la douche, assise sur son ballon, dîne. La douche chaude soulage les couleurs de plus en plus vives. C’est le seul lieu et moment pour prendre quelques forces avant de descendre en salle de naissance.

Andrés pousse Clémence sur un fauteuil roulant vers le service des urgences-maternité, cinq étages plus bas. On apporte le ballon.

Sous la lumière du projecteur, Clémence pliée en deux. Plusieurs heures ont passé de contractions douloureuses mais le col ne s’ouvre pas.
Mês sinceros
Mes sinceres compliments pour la naissance de la petite.
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